22/02 Nature et Cultures 🗓 🗺

Nature et Cultures : pour un changement de perspectives,

avec Marie Renault

Entrée libre et gratuite.

A 20h30, salle Castelbou, voir la localisation

Une soirée co-organisée avec les Amis de la Terre Midi-Pyrénées

Ce que nous disent les « autres ».

Corps et esprits : la version animiste

Dans Race et Histoire, Lévi-Strauss relate une anecdote du début de la colonisation de l’Amérique  : « Dans les Grandes Antilles (…) pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les Indigènes avaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger les blancs prisonniers afin de vérifier, par une surveillance prolongée, si leur cadavre était ou non sujet à la putréfaction. »

Les Européens considèrent d’emblée que tout ce qui existe a un corps ; seuls les humains ont un esprit ou une âme. Pour les Amérindiens c’est le contraire : tous les êtres ont un esprit, tandis qu’ils n’ont pas forcément de corps – ce que viendrait alors prouver le processus de putréfaction du corps des prisonniers blancs. D’autre part, ils considèrent que tous les êtres sont animés par un esprit ; c’est le cas des animaux, plantes, roches, montagnes, vents, avec qui les Amérindiens communiquent et cohabitent. Le monde auquel nous accédons à travers leurs yeux est un monde vivant, animé d’une pluralité d’intérêts et de subjectivités qui interagissent entre eux et auxquels il faut porter respect et attention.

 

La modernité et la Nature

Les délégations de prêtres étudiaient les Indigènes pour trouver chez eux les preuves de la présence d’une âme. Il en est ressorti, quelques siècles plus tard, que ces peuples avaient bien une âme mais étaient sous-évolués, moins « avancés », aux prises avec leurs croyances et leurs superstitions.

La modernité s’est faite figure de la Raison universelle et de son progrès, au nom de quoi elle a rompu avec un grand nombre de traditions qui se transmettaient parfois depuis des millénaires. S’est alors mis en place un travail d’extermination et de conversion à la modernité par l’acculturation et par l’exportation du modèle capitaliste de production et de consommation ; cela se traduit aujourd’hui par la globalisation du mode de vie métropolitain. En découle la perte des pratiques liées à la nature qui mettaient en contact les humains avec les animaux, les plantes, le cycle des saisons, etc. Ainsi, partout où le projet moderne s’est installé, il a fait de la Nature un objet d’étude et un stock de ressources économiques, et ses avancées technologiques nous ont faits « comme maîtres et possesseurs de la nature » fidèlement aux mots de Descartes.

Quel progrès ?

La modernité peut-elle encore se faire l’unique modèle de la connaissance et du progrès alors même qu’elle donne lieu à un monde de plus en plus toxique et de fait, de moins en moins habitable ? L’idée qu’il y ait d’un côté une pensée moderne et scientifique qui soit dans le vrai, et de l’autre une pensée « sauvage » superstitieuse n’est-elle pas désuète et elle-même défaillante ?

En portant attention aux peuples traditionnels, et en apprenant à penser avec eux, nous découvrons d’autres manières de peupler le monde, d’y évoluer, de se lier avec les êtres et de définir le réel. Ce qui nous met face à nos propres croyances et vient bousculer nos certitudes sur ce que nous sommes, sur notre séparation d’avec la nature, la place que nous y tenons et ce que nous pouvons y faire.

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Salle Castelbou, 22 rue Léonce Castelbou métro Compans-Caffarelli) Carte

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