#Transports : Cahier d’acteur débat public 3ème ligne métro

Répondre aux besoins d’aujourd’hui et préparer un avenir soutenable :

Nos réserves sur le projet actuel de 3ème ligne de métro toulousain

Version PDF mise en page par la Commission Nationale du Débat Public

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Version du groupe local Toulouse (à quelques formulations près)

Les écologistes sont favorables à une grande action publique en faveur des transports en commun dans l’agglomération toulousaine. La réussite des politiques de lutte contre le réchauffement climatique, de préservation de la qualité de l’air et de solidarité territoriale en dépendent.

L’organisation d’un débat public à ce sujet nous réjouit. Nous souhaitons qu’il permette aux citoyen-ne-s de démontrer leur capacité d’expertise, au-delà de l’expression des représentants politiques.

Avant tout, soulignons la complexité de ce projet du fait de la multiplicité des acteurs et de leurs interactions (urbanisme, environnement, économie, sociétal). Nous préconisons ainsi une refonte de la gouvernance à travers une Autorité Organisatrice des Transports Unique à l’image du STIF en Île-de-France.

Ce projet de 3ème ligne de métro pourrait être intéressant en tant qu’infrastructure de grande capacité permettant de relier rapidement des points éloignés de l’agglomération. En revanche, dans le contexte actuel, il condamnerait les autres projets favorisant l’intermodalité (capacité à combiner plusieurs moyens de transport).

Il se traduirait également par un engagement financier démesuré et une concentration du développement urbain et économique sur l’unique ville de Toulouse. Enfin, des enjeux importants comme la qualité de vie et l’impact environnemental n’ont pas été suffisamment étudiés.

Notre proposition consiste en un maillage dense et performant répondant aux besoins de l’ensemble de l’agglomération. Un réseau de surface permettrait de réaliser ce maillage plus rapidement. La 3ème ligne de métro serait alors un projet intéressant une fois ce maillage mis en place.

Nous nous opposons ainsi au projet tel que présenté aujourd’hui, car il consacre l’abandon de l’ambition d’un maillage du réseau, et consomme les crédits pour 20 ans. Nous demandons à ce que notre projet soit soumis au débat.

1-Un territoire périurbain délaissé, des zones d’emploi et de résidence mal connectées

La particularité de l’agglomération toulousaine réside dans la faible densité de son habitat et la concentration des emplois. Des années d’absence de planification urbaine ont mené à une artificialisation des terres agricoles pour répondre au modèle dominant de la maison individuelle. Inversement les emplois se sont progressivement concentrés dans des zones mal desservies en transport en commun.

Le réseau de transport s’est concentré sur deux lignes de métro centralisées sur Toulouse. Des tronçons pour compléter le maillage du réseau manquent actuellement, notamment des circulaires permettant aux zones périphériques d’être reliées au réseau. Des zones entières du territoire sont délaissées alors que les problèmes de mobilité y sont importants.

Le projet de 3ème ligne n’aura de cohérence que s’il est précédé d’un réseau structurant. Ce maillage doit passer par des lignes ferroviaires cadencées (au 1/4 d’heure) et la création d’un réseau de bus performant comprenant des lignes radiales et circulaires. Ces solutions ont l’avantage de s’appuyer sur des infrastructures existantes que sont les routes et les voies ferrées.

2- Un Plan de Déplacement Urbain 2012 qui ne doit pas être sacrifié

Le plan mobilités 2030 qui accompagne le projet de 3ème ligne de métro nous semble largement insuffisant pour répondre aux enjeux de mobilité. Il acte la disparition de tous les projets de bus ou de tramway performants et pénalise leur développement pour plusieurs dizaines d’années.

Nous proposons que le plan Mobilité mise sur le développement d’un réseau de bus LINEO+, en complément de l’amélioration de la capacité de la ligne A, du prolongement de la ligne B vers Labège, de la poursuite de la boucle de tramway pour rejoindre la gare Matabiau et le quartier des Ponts-Jumeaux.

Les projets de bus performants, que nous appelons LINEO+, correspondent à la création de voies dédiées aux bus et de priorités aux intersections. Les projets actuellement proposés ne permettent pas de garantir les temps de trajet aux heures de pointe.

En complément, nous maintenons l’ambition de création de plus de 10 lignes Linéo pour une amélioration du service existant.

3- Une surdensification urbaine autour du métro, des déséquilibres territoriaux à venir

Nous constatons que le projet concentrerait l’offre de transports sur la ville de Toulouse et entraînerait une augmentation de la population de 150 000 habitant-e-s le long du tracé. Cet impact urbain nous semble insuffisamment pris en compte.

Le choix d’un maillage complet comprenant un réseau de bus performants, de tramways et un réseau ferroviaire mieux exploité permettrait au contraire de mettre en œuvre une densification plus harmonieuse, répartie sur l’agglomération.

Nous portons le projet de la création de pôles d’équilibre à l’échelle régionale. Cela nécessite le développement d’un réseau ferroviaire cadencé pour permettre les déplacements de longue distance et la mise en place d’un réseau LINEO+ ambitieux pour permettre aux territoires de la périphérie de Toulouse de créer une mixité plus forte entre le développement économique et les zones d’habitation et ainsi d’améliorer la qualité de vie.

4- Un plan de financement fragile

Le plan de financement n’a pas été débattu préalablement au sein des collectivités qui devront augmenter leur participation. Toulouse Métropole n’a pas démontré sa capacité à augmenter de 80 % sa contribution et le SICOVAL la sienne de 1400 %.

Les écologistes réclament depuis longtemps l’augmentation des moyens dédiés aux transports en commun mais souhaitent que ces investissements profitent à toute l’agglomération toulousaine.

Le niveau d’emprunt sollicité serait lourd pour les décennies à venir et correspondrait à un endettement record. Nous préconisons un étalement dans le temps de cette dépense et une évaluation préalable des répercussions sur les finances publiques.

TISSEO prévoit des augmentations tarifaires significatives. Pour nous, les transports en commun doivent rester un moyen de déplacement économique et faciliter l’accès à l’emploi. Nous restons favorables à une politique tarifaire avantageuse pour les usagers et souhaitons que soit examinées attentivement les solutions qui permettraient de trouver de nouvelles recettes (écotaxe, stationnement, péages urbains, etc)

Actuellement, nous observons une recherche de rentabilité au sein de TISSEO au détriment de la qualité de service de certaines lignes de bus, diminuant de fait l’attractivité du réseau et à terme de l’offre métro envisagée. Car l’accès à un métro pour la plupart des usagers est lié à la proximité d’un réseau de bus performant.

5- Une absence de prise en compte des modes actifs

Les mesures prévues pour le développement des pistes cyclables et des aménagements piétons ne sont pas détaillées alors que ces modes dits « actifs » doivent être privilégiés pour l’accès au réseau de transports en commun. Pour nous, il s’agit d’un enjeu majeur. Le Plan Mobilité devrait contenir un volet spécifique pour engager un transfert du mode automobile vers ces modes de déplacement.

En effet, la moitié des déplacements font moins de 4km et correspondent parfaitement à l’utilisation de ces modes de déplacement. La recherche d’économies tournée vers la réalisation d’une ligne de métro se ferait au détriment des cyclistes et des piétons.

Nous pensons que la qualité de vie passe par le développement de ces modes actifs et proposons un investissement de 100 M€ sur 5 ans pour le développement de ceux-ci. Ce budget modeste (quand comparé à une ligne de métro) associerait sécurisation des itinéraires, politique incitative et accompagnement humain.

6- Ce projet ne répond pas aux enjeux environnementaux

Les éléments avancés dans le projet tendent à attribuer à la 3ème ligne de métro les améliorations qui proviennent en réalité de facteurs extérieurs.

Pour la qualité de l’air, le dossier publié par l’ORAMIP n’indique que des gains faibles en 2030 avec le projet par rapport au scénario « fil de l’eau » (sans investissement). L’essentiel des améliorations est dû aux progrès escomptés sur la motorisation des véhicules ou sur les appareils de chauffage.

Pour les Gaz à Effet de Serre (GES), le projet en 2030 est meilleur que le scénario fil de l’eau, il montre cependant toujours une augmentation des émissions, en contradiction avec les objectifs du plan climat territorial. Le projet n’apporte pas d’alternatives suffisantes aux habitants de la périphérie, actuellement responsables de 74% des émissions de GES. A noter que les hypothèses prises se traduisent par une densification de l’habitat en périphérie, en incohérence avec le projet proposé.

Le niveau de « pollution de fond » de l’air et la fréquence des pics de pollution entraînent une situation sanitaire préoccupante : les maladies respiratoires explosent chez les enfants et la quantité de particules fines rejetées par les transports reste à des niveaux supérieurs aux seuils recommandés par l’OMS.

Cet enjeu de santé publique impose d’une part des solutions à très court terme et d’autre part une amélioration de l’offre existante qui doit profiter également aux habitants de la périphérie, repoussant de ce fait l’amélioration du réseau de métro toulousain à un temps plus lointain.

Un projet qui mérite une REMISE A PLAT

Le projet présenté, consistant principalement à réaliser une 3ème ligne de métro, centraliserait le réseau de transports en commun sur la ville de Toulouse au détriment des habitants de la périphérie. Le maillage de l’agglomération par des lignes structurantes de bus performants ou de tramway serait abandonné.

La surdensification urbaine autour de cette ligne créerait des déséquilibres entre des zones desservies en transports et des zones délaissées. A contrario, un aménagement harmonieux permettrait d’améliorer la qualité de vie des citoyens.

Le plan de financement est fragile car lié à une augmentation forte des contributions des collectivités et un endettement record de TISSEO. Les bénéfices espérés liés à sa fréquentation sont dépendants de l’attractivité de cette ligne, hypothétique du fait de l’absence de réseau de bus ou tramway performant.

Le plan de développement du vélo et de la marche à pied est absent. Il est pourtant essentiel en complémentarité des transports en commun. Un investissement modeste permettrait une augmentation significative de la part modale des piétons et des cyclistes.

L’impact de ce projet sur la qualité de l’air est insignifiant car une amélioration serait apportée par des éléments extérieurs. Les émissions de GES seraient en hausse, les principaux contributeurs étant les habitants de la périphérie. Ce projet ne répond pas aux enjeux environnementaux.

Europe Ecologie-Les Verts s’oppose au projet présenté et soumet une alternative qui sera détaillée par nos élus via la FEVE (Fédération des Elu-es Vert-es et Ecologistes).

Celle-ci permet de réaliser les projets programmés actuellement puis d’investir pour le renforcement de l’offre de métro.

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