Tribune sur les transports

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Tribune des écologistes sur les transports dans l’agglomération toulousaine

 

Le projet de prolongement de la ligne B sacrifié 

Le maire de Toulouse et président de Toulouse métropole, JL. Moudenc vient d’annoncer , contre l’avis du Sicoval et sans que le conseil syndical du SMTC l’ait décidé formellement, l’abandon du projet de Prolongement de la Ligne B (PLB). De façon unilatérale il met  un terme à 2 ans de procédures et stoppe ainsi un projet prêt, financé et validé par l’enquête publique. Ce projet a été interrompu et relancé à plusieurs reprises depuis plus de 15 ans. Cette longue élaboration a demandé beaucoup d’énergie (environ 5000 contributions à l’enquête publique) et de fonds publics (15 millions d’€) pour être finalement abandonnée. Il s’agit d’un véritable gâchis et d’un nouveau retard pour répondre à la demande de transports collectifs dans le sud-est toulousain.

Comme solution de remplacement partielle de ce PLB, le maire de Toulouse propose la réalisation  d’un téléphérique entre Ramonville et l’INPT (Institut National Polytechnique de Toulouse) et le prolongement du projet de 3ème ligne de métro de Montaudran vers Labège La Cadène. La pertinence de ces solutions en terme de capacité (pour le téléphérique) et de coût reste à étudier et la date de leur mise en service reste lointaine (2024) et très hypothétique.

Nous regrettons la rupture de ce projet avec le Plan de Déplacements Urbains (PDU) adopté en 2012 et soulignons l’absence de continuité avec les projets engagés, pourtant si chère à JL. Moudenc qui déclarait encore récemment « Construire Toulouse au-delà des clivages politiques ». Nous renouvelons notre volonté d’avoir une vision d’intérêt général des projets et sommes sensibles à la perte de confiance des investisseurs de la zone d’activité de Labège engendrée par le remaniement, voire l’abandon, d’une desserte de Labège Innopôle, pour ne citer que cet exemple. Nous sommes également sensibles à la perte de confiance du Sicoval en JL.Moudenc qui lui avait demandé de rassembler le financement nécessaire au PLB. Ce défi financier avait été relevé grâce à un participation du Département, de la Région et de l’Etat, représentant encore une dépense d’énergie vaine.

Nous relevons qu’entre l’avis favorable de l’enquête publique et la Déclaration d’Utilité Publique, JL.Moudenc a volontairement laissé traîner le dossier du projet de PLB pour pouvoir imposer sa vision (3ème ligne de métro) tout en feignant de chercher une solution de compromis avec le Sicoval, fuyant la responsabilité politique qui nous est chère.

 

Une 3ème ligne de métro hypothétique et onéreuse

Nous, les groupes EELV de l’agglomération toulousaine n’avons pas émis d’avis défavorable à la réalisation d’une 3ème ligne considérant qu’à terme, dans une vision très favorable aux transports collectifs, elle pourrait répondre à certains besoins. Mais nous avons clairement formulé la nécessité de réaliser en priorité les projets déjà inscrits dans le PDU avant d’engager sa réalisation. De plus sa pertinence et son acceptabilité restent à démontrer à travers une enquête publique et pourrait être réalisée plus tard. Rappelons que la réalisation des lignes A et B a eu pour effet d’empêcher la mise en oeuvre d’autres projets qui auraient permis de mailler véritablement cette agglomération. De nombreux quartiers et de nombreuses communes ne bénéficient toujours pas plus de 20 ans après la mise en service de la ligne A de transports performants. Avec ce nouveau projet le risque est grand de se retrouver dans la même situation et d’accumuler de nouveaux retards pour une offre équilibrée sur toute l’agglomération.

Par ailleurs, la priorité est une fois de plus donnée à Toulouse intra-muros alors que la situation des transports dans la périphérie est particulièrement critique et exige des solutions de court terme. Les enjeux d’agglomération sont une nouvelle fois sacrifiés sur l’autel des intérêts politiques de la majorité de la ville de Toulouse. Ceci est d’autant plus choquant qu’en période de restriction budgétaire, la quasi-intégralité du budget disponible pour les Transports sera de toute évidence dédiée à ce projet au coût énorme. De plus, la date d’achèvement des travaux de cette 3ème ligne se situe dans environ 10 ans (2024 date prévisionnelle), ce qui se révèle incompatible avec le défi posé par la croissance de l’aire urbaine et des enjeux écologiques comme la réduction des émissions de CO2.

 

Trouver des solutions de raison, inventer une nouvelle gouvernance

Le risque est aujourd’hui grand d’une nouvelle paralysie pendant plusieurs années de l’offre de transport au regard de l’importance prise par ce projet de 3ème ligne. Constants dans nos suggestions depuis plus de 15 ans sur ce dossier des transports, nous militons pour des solutions structurantes, réalistes, opérationnelles dès que possible  et économiquement raisonnables. En l’occurrence, les faits prouvant le choix du « tout pour la 3ème ligne », nous proposons de reporter sa réalisation et de privilégier tous les autres projets, afin d’obtenir des effets immédiats : réalisation du PLB et de BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) en site propre pour les liaisons vers la périphérie, extension du Tramway au centre-ville de Toulouse comme prévu initialement, véritables aménagement pour le vélo et les piétons…

A moyen terme, en exploitant et valorisant le réseau ferré étoilé, une solution de type RER (Réseau Express Régional) pourrait être posée sur la table et organisée en relation avec la Région. Pour gagner des marges de manœuvre budgétaires et ainsi répondre à l’enjeu de la Mobilité dans l’aire toulousaine, nous sommes favorables à un travail d’optimisation du réseau bus sans pour autant que cela conduise à une réduction du service rendu. Nous demandons à nouveau la mise en place dans les meilleurs délais d’une tarification sociale (notamment réétudier la gratuité pour les seniors).

Mais au-delà, face à ces perpétuels changements de visions et de projets, pour consolider la structure de gestion et inscrire les projets dans une plus grande pérennité et dans le but d’équilibrer la structure financière du syndicat de TISSEO et des contributions des collectivités, nous proposons une refonte de la gouvernance des transports dans l’agglomération. Nous proposons d’examiner la possibilité de créer un syndicat nouveau qui intégrerait toutes les collectivités locales. La gouvernance de cette nouvelle Autorité Organisatrice des Transports permettrait une gestion commune et coordonnée des moyens de transports favorisant l’intermodalité des différentes entités.

Nous, les groupes EELV de l’agglomération toulousaine, restons fidèles à nos convictions, notamment la volonté d’aménagement équilibré de l’agglomération toulousaine et l’utilisation juste et raisonnée des fonds publics.

Ainsi, nous resterons vigilants et force de proposition sur ce dossier des Transports, qui doit répondre à des enjeux économiques et environnementaux très importants à nos yeux.

Signataires:

EELV Toulouse

EELV Sud-Est

EELV Nord

EELV Tournefeuille-Leguévin

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