Et maintenant, le casque obligatoire pour les cyclistes ?

Article paru dans la Dépêche du midi le 23/02/2016

Une proposition de loi d’un sénateur de l’Eure veut soumettre l’usage du vélo à des règles de sécurité plus draconiennes. À Toulouse, l’idée est loin de faire l’unanimité.

«Nous ne sommes pas contre le port du casque, mais nous sommes clairement contre une loi qui en ferait une obligation» ! L’association toulousaine «2 pieds, 2 roues», qui milite pour la pratique quotidienne du vélo, n’est pas franchement emballée par la proposition de loi qu’Hervé Maurey (UDI-UC), le sénateur maire de Bernay dans l’Eure, s’est mis en tête de défendre pour renforcer la sécurité des cyclistes. Cette nouvelle contrainte serait justifiée, selon l’élu, par le risque d’être tué trois fois plus élevé pour les cyclistes que pour les automobilistes. Et de citer les statistiques : en 2014, au niveau national, 4 438 accidents corporels ont impliqué un cycliste et 159 cyclistes sont morts, un chiffre en hausse de 8,2 % par rapport à 2013… Des chiffres que Sébastien Bosvieux, le vice président de l’association toulousaine, et membre de la fédération des usagers de la bicyclette tient, d’emblée, à relativiser. «Les 2/3 de tués sont liés à une pratique sportive ou de loisir, explique-t-il, on ne peut pas mettre sur un même pied d’égalité cette utilisation du vélo avec un usage quotidien sur la voie publique». Ce qui inquiète ce partisan du deux-roues, c’est l’effet dissuasif qu’aurait l’obligation de porter un casque. «Dans les pays qui l’ont fait, comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, cela s’est soldé par une baisse de 30 % de la pratique du vélo, constate-t-il. Alors qu’il faut plutôt encourager la pratique. D’autre part, on sait que plus il y a de vélos dans un espace urbain et moins il y a d’accidents, car chacun, y compris les automobilistes, est plus attentif à son environnement».

L’environnement du cycliste, justement, c’est le cheval de bataille de Michelle Bleuse, conseillère municipale d’Europe-Ecologie-les Verts (EELV), qui considère qu’il faut d’abord développer les infrastructures et sécuriser les itinéraires cyclistes. «C’est dommage d’aborder la question de la sécurité du seul point de vue du port du casque, souligne-t-elle, la mesure est d’ailleurs controversée. Il faut une approche globale. On voit ici, dans notre métropole, combien il est difficile pour les vélos de circuler sur des axes dédiés. Il y a beaucoup à faire. Il n’est pas évident que le port du casque ait un effet miraculeux». À titre personnel, l’élue du Capitole a choisi cette protection, mais, dit-elle «il ne faut pas dégoûter de la pratique du vélo». Une question de liberté personnelle, donc, qui fait grincer les dents de cet adepte de la Vélorution : «Bientôt il faudra aussi un casque pour les simples piétons…»

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