Transports: arrêtez de jouer !

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Une tribune du groupe de travail Transports et Mobilité

 

Lors des dernières semaines, nous avons pu assister à un spectacle surprenant dans la presse locale. Jean-Michel Lattes semble avoir vidé d’un seul coup son sac de billes dans sa nouvelle cour de récréation : 

 

  • Troisième ligne de métro ;
  • RER « à la toulousaine » ;
  • AéroTram entre l’Université Paul Sabatier et Basso Cambo ;
  • Prolongement de la ligne B à Labège ;
  • Deuxième rocade ;
  • Création de parcs de stationnement en centre-ville ;
  • Ouverture de la LMSE aux voitures ;
  • Etc.
Il ne s’est malheureusement pas préoccupé de savoir si ces billes étaient à lui.
Dans un contexte de désengagement financier de l’Etat et de baisse des ressources des collectivités, comment est-il possible de financer tous ces projets, qui représentent un investissement de plusieurs milliards d’euros, en moins de 10 ans ?
Certainement pas avec les deniers de Tisséo, dont la capacité d’autofinancement en 2013 s’est élevée à 25M€, soit environ 1/60 e du montant de la troisième ligne…
Mais le plus troublant est que Monsieur Lattes ne semble pas savoir jouer aux billes : ces annonces interviennent en effet avant la révision du Plan de Déplacements Urbains, document qui organise la mobilité à l’échelle de l’agglomération. Autrement dit, le Président de Tisséo-SMTC définit au coup par coup des solutions qui permettront de résoudre les difficultés de notre agglomération avant-même d’avoir étudié l’impact de leur mise en œuvre et ainsi que leur cohérence d’ensemble.
Doté d’une intuition exceptionnelle, Monsieur Lattes affirme par exemple qu’une deuxième rocade permettra d’améliorer la qualité de l’air dans l’agglomération. Le raisonnement est d’une logique implacable : grâce à une deuxième rocade, les embouteillages sur le périphérique disparaitront et il n’y aura de ce fait plus de problèmes de pollution. Que faire face à la puissance de calcul d’un homme qui connaît l’impact d’un projet d’infrastructure avant même que son tracé ne soit défini ?
Peut-être peut-on lui rappeler que les politiques d’accroissement de la capacité des infrastructures routières urbaines menées dans les grandes agglomérations européennes et destinées à réduire les embouteillages n’ont pas toujours entrainé les effets escomptés par leurs promoteurs. La congestion du trafic routier est parfois restée intense sans permettre de véritable gain de temps de déplacement. C’est un phénomène bien connu des chercheurs appelé « paradoxe de Downs » qui explique notamment l’échec des politiques de mobilité des années 60, qui cherchaient à « adapter la ville à la voiture ».
Autre exemple emblématique de la faiblesse du raisonnement de Monsieur Lattes : celui de l’AéroTram. Pensé par la majorité de gauche dans le cadre de son projet de mobilité pour l’agglomération toulousaine, l’AéroTram devait initialement relier l’Université Paul Sabatier à l’Oncopole en passant par le CHU Rangueil. Jugé trop cher au regard des prévisions de trafic (7 000 voyageurs/ jour pour 60M€ à 120M€), la vie du projet a un temps été menacée par la majorité actuelle avant que le Dieu de la mobilité ne chuchote à l’oreille du Président de Tisséo-SMTC une idée lumineuse : prolonger l’AéroTram jusqu’à Basso Cambo.
Indépendamment du nombre de cierges que Monsieur Lattes allumera à Notre-Dame-du-Téléphérique, gageons qu’en multipliant la longueur du tracé par deux, et donc en augmentant significativement le coût du projet, il sera bien difficile d’améliorer la rentabilité de l’investissement (nombre de voyageurs transportés / coût). D’autant plus qu‘il envisage de prolonger la rocade Arc-en-Ciel jusqu’à l’A64, c’estàdire de rendre la liaison routière entre Basso Cambo et l’Oncopole encore plus attractive…

Agir vite pour répondre à l’urgence de la situation

Notre groupe de travail Transports & Mobilité appelle Monsieur Lattes à sortir de la cour de récréation.
Des décisions responsables doivent être prises pour faire face rapidement aux problématiques majeures qui menacent l’agglomération.
La qualité de l’air doit être améliorée pour préserver la santé des habitants.
Le trafic automobile doit être fluidifié pour garantir l’accessibilité aux pôles économiques et commerciaux.
Les déplacements des personnes à mobilité réduite doivent être facilités pour respecter le droit au transport de chacun.

Pour ce faire, voici quelques propositions :
  • Créer un réseau de Bus à Haut Niveau de Service, huit fois moins couteux que le métro et moins long à construire. Aussi confortable et fréquent que le tramway mais plus rapide.
  • Tisser un Réseau Vélo Express et Sécurisé (ReVES) afin de donner aux habitants la possibilité de se déplacer à vélo en toute sécurité, pour se rendre à leur travail ou pratiquer leurs loisirs et améliorer le réseau cyclable existant (résorption des discontinuités, signalisation, éclairage, etc.) afin de garantir le confort et la sécurité des itinéraires cyclables.
  • Accélérer la piétonisation du centre-ville de Toulouse mais aussi des cœurs de quartiers en développant des espaces de circulation apaisée.
  • Garantir l’accessibilité de l’ensemble des gares, des stations et du matériel roulant aux Personnes à Mobilité Réduite ainsi qu’aux déficients visuels et auditifs, pour qui les transports en commun sont souvent le seul moyen de déplacement.
  • Mettre en place une tarification solidaire, tenant compte des inégalités de revenus et de la situation familiale. Le prix de l’abonnement mensuel sera modulé en fonction du quotient familial, comme c’est déjà le cas à Strasbourg.
  • Etudier l’opportunité de limiter la vitesse à 70 km/h sur le périphérique. Une telle mesure, simple et peu coûteuse, pourrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’améliorer la qualité de l’air, de diminuer le bruit, de renforcer la sécurité des déplacements automobiles et de fluidifier la circulation.
  • Inciter les automobilistes à prendre la route aux heures creuses, utiliser les TIC et les données publiques pour réduire la congestion, encourager le numérique à devenir le meilleur vecteur de la multimodalité et de l’intermodalité.

Il y a des choses à faire pour que la mobilité à Toulouse soit une expérience toujours plus positive …
Il y a des choses à faire pour que mobilité rime avec cité …
La révision du Plan de Déplacement Urbain doit être un moment fort du mandat.
Il y a des choses à faire. Faisons-les…mais faisons-les vraiment sans effet d’annonce.

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