Retour sur les Municipales par Antoine Maurice (1) La Voix du midi

Pierre Cohen a été un bon maire de Toulouse mais un mauvais maire des toulousains

Antoine Maurice, candidat aux municipales de mars dernier à Toulouse revient pour Voix du Midi sur la campagne des municipales à Toulouse et sur le résultat du scrutin. Il dresse les responsabilités de chacun dans une d’interview que nous vous restituons en deux parties…

 

Ce mercredi 28 mai, retrouvez la deuxième partie de l’interview dans laquelle Antoine Maurice dressera les contours de son opposition à Jean-Luc Moudenc et la façon dont la gauche peut regagner Toulouse en 2020.

 

Dire que la gauche a perdu Toulouse uniquement à cause du contexte national est-il juste ?

 

On ne peut pas limiter notre échec au contexte national même s’il a rendu le chemin de la victoire plus étroit. Je pense que la campagne des socialistes a été trop axée sur le bilan et nous n’avons pas assez mis en avant le fait qu’avec une équipe largement renouvelée, il y aurai une nouvelle dynamique.

 

On a eu ainsi l’impression que tout ce que l’on proposait était déjà engagé alors que ce n’était pas le cas.

 

En second lieu, nous n’avons pas été une équipe municipale assez visible sur le terrain, ce que nous avons payé. C’est une question de personnes et certains, moi-même, nous sommes laissés entraînés dans une série de réunions qui tournent au bout d’un moment à la masturbation intellectuelle. Pendant ce temps, Jean-Luc Moudenc n’a pas perdu de temps et dès 2008, les habitants l’ont vu sur le terrain. Les électeurs ont sanctionné une méthode par laquelle les élus ne les ont pas assez écoutés face à un candidat, Jean-Luc Moudenc, qui n’avait pas de projet global mais quelques propositions qui ont séduit.

 

« Pierre Cohen a incarné une certaine vision de la ville mais il n’a pas été assez présent sur le terrain »

 

Quelle est la responsabilité de Pierre Cohen dans cet échec ?

 

Pierre Cohen a été un bon maire de Toulouse mais un mauvais maire des Toulousains. S’il a incarné une certaine vision de la ville, il n’a pas été assez présent sur le terrain. C’est quelque chose qu’on n’a pas assez perçu pendant le mandat.

 

Plus largement, c’est toute l’équipe municipale qui a peut-être été coupée des réalités. Moi-même, à titre personnel, j’étais très présent en début de mandat au contact des habitants puis progressivement, je me suis enfermé dans mon secteur géographique. Ce n’est qu’à travers les dossiers que je suivais, l’agriculture, l’économie sociale et solidaire, que j’ai pu toucher certains quartiers. C’est là que j’ai vu qu’il y avait un manque de présence de notre part et un décalage entre la politique qu’on menait, l’image qu’on en avait et le ressenti des habitants.

 

Il y avait beaucoup d’élus de quartiers, de secteurs mais finalement peu étaient sur le terrain…Il aurait fallu une forme de démocratie locale qui permette aux élus d’être plus présents.

 

 

« Nous n’avons jamais réussi à expliquer et à valoriser ce que nous faisions »

 

 

On a l’impression que votre projet global n’a jamais été compris des habitants…

 

Nous n’avons pas réussi notre communication car on n’a jamais réussi à expliquer et à valoriser ce que nous faisions. Nous n’étions pas dans la pédagogie et cela tient aussi à la difficulté qu’a eu Pierre Cohen à communiquer. Même quand des projets étaient actés, on n’a pas su les valoriser. Si bien que des habitants vont seulement découvrir ces prochains mois certaines de nos réalisations.

 

 

 

« Quand nous avons construit notre projet, nous avons conservé un aspect trop technocratique »

 

 

N’étiez-vous pas trop enfermés dans un discours technocratique ?

 

Notre équipe était quasiment nouvelle à 100 % et nous avons mis déjà du temps à nous approprier les dossiers. Ensuite, nous avons certes lancé des concertations sur la mobilité et la culture ce qui a été positif mais nous n’avons pas su  faire vivre cette concertation après ces premiers moments de débat. Enfin, quand nous avons construit notre projet, nous avons conservé effectivement un aspect trop technocratique…

 

« Le rassemblement du second tour entre les socialistes et les écologistes a été mal géré »

 

 

Malgré ça, vous avez pensé jusqu’au bout pouvoir l’emporter ?

 

Je pensais qu’on pouvait quand même passer et continuer notre action sur un projet plutôt cohérent. Mais après le premier tour, j’ai senti qu’on avait un problème de dynamique. En ce sens, le rassemblement du second tour entre les socialistes et les écologistes a été mal géré. On aurait en effet gagné à montrer qu’il y avait une complémentarité entre le PS et Europe-Écologie plutôt que de chercher dans quelle liste se trouvaient les écologistes.

(Interview parue dans Voix du Midi Toulouse, le 15 mai 2014)

Remonter