Pourquoi une politique pour la langue occitane ? Foire aux questions

Rédigé par la commission « Occitania » des VERTS Midi- Pyrénées, sous l’impulsion de Marc Vidal

Tout d’abord, qu’est-ce que la langue occitane ?

C’est la langue historiquement parlée dans le tiers sud de la France. Il s’agit donc d’un vaste espace dans lequel on distingue plusieurs formes de la langue (dialectes gascon, languedocien, provençal, limousin et auvergnat).

Au début du XXième siècle, 95% de la population de Bordeaux à Nice et de Foix à Clermond Ferrand parlait une des variantes de l’occitan.

Peut-on se passer maintenant de l’occitan ?

Oui, on le peut. Tout comme on peut se passer de parler le français. Dans ce cas, dans quelques générations, tout le monde parlerait alors américain, chinois ou hindi.

Sur les 5000 langues parlées dans le monde, il est estimé que si l’on poursuit les diverses politiques nationales de répression, la moitié auront disparu à la fin du siècle. L’occitan fait partie des langues en danger.

Défendre l’occitan revient à défendre la diversité culturelle de la planète et donc le français.

N’est-il pas plus raisonnable de laisser tomber les langues de France pour se consacrer mieux à la défense du français ?

On a adopté jusqu’à présent une attitude de mépris à l’égard des langues historiques des régions de France. Lorsqu’on méprise une langue, en fait on les méprise toutes puisqu’on ne voit dans la langue que l’aspect purement utilitaire par rapport à un pouvoir dominant.

Si les Français ne changent pas très vite d’attitude par rapport aux langues en général et aux langues minoritaires en particulier, la culture française est appelée à disparaître.

Comment défendre les langues de France et le français ?

Les français en général et les habitants des régions concernés en particulier doivent se mobiliser de façon efficiente. C’est l’attitude des catalans, basques, galiciens, gallois, québécois, flamands, suisses francophones et tant d’autres par rapport à leur langue.

Mis à part l’aspect patrimonial, pourquoi devrais-je enseigner l’occitan à mes enfants ?

Nous prônons pour l’occitan la pratique en immersion totale ou partielle. Dans les écoles calandrettes ou bilingues de l’éducation nationale, les enfants font, très jeunes, des activités tout en occitan.

Le basculement entre les cultures françaises et occitanes se fait de façon naturelle. L’enfant acquiert ainsi des capacités qui lui seront ultérieurement très utiles.

Ne serait-il pas mieux d’apprendre autre chose de plus utile que l’occitan ?

L’apprentissage de l’occitan est un facilitateur pour les apprentissages linguistiques ultérieurs. Le système d’accentuation par exemple est différent du français où on accentue toujours sur la dernière syllabe. Comme tout enfant bilingue, le français occitanophone passe ainsi plus facilement à d’autres langues.

Par sa proximité avec l’italien, l’espagnol, le catalan et le portugais, l’occitan facilite l’accès aux langues comprises par plus de 900 millions d’habitants de notre planète.

Parler occitan, est-il utile pour trouver un emploi ?

A l’époque de la mondialisation, les Français ne sont pas toujours très performants dans leurs relations avec les étrangers.

Le premier problème est strictement culturel : les Français ont plus de mal que d’autres nationalités pour composer avec les cultures étrangères.

Par ailleurs les contextes de travail sont devenus plus complexes qu’autrefois. On attend d’un salarié (en particulier d’un cadre) qu’il soit capable de comprendre un environnement très complexe et de pouvoir le restituer en quelques éléments pertinents.

En donnant une éducation biculturelle à votre enfant, vous le préparez très jeune à répondre à ces défis.

Si on admet l’importance d’un contexte biculturel, une immersion dans une autre langue que l’occitan, l’américain par exemple, paraît plus en phase avec l’évolution du monde.

C’est vrai dans le sens où l’enfant apprend à gérer deux cultures en même temps. C’est faux dans la mesure où l’enfant vit sur le territoire occitan. La culture occitane est caractérisée par un grande richesse, une longue histoire, une abondance d’œuvres littéraires souvent d’importance mondiale.

Cet enracinement territorial facilite l’appropriation de l’occitan. La culture américaine à l’inverse est celle de l’étranger, c’est à dire élaborée ailleurs, dans d’autres contextes. Elle conserve donc un aspect désincarné et son apprentissage est forcément plus abstrait.

Par ailleurs les cultures occitanes et catalanes sont caractérisées par une très grande proximité historique et linguistique. Cela serait dommage de ne pas utiliser ces synergies entre deux cultures qui vivent côte à côte.

 L’enracinement occitan dont vous parlez est-il compatible avec l’appartenance à la nation française ?

Pendant un siècle (en gros depuis 1918) les gens se sont pensés essentiellement comme Français. L’époque contemporaine voit l’émergence d’un autre type d’identité. On peut parler d’identité « floue » qui autorise le sujet à vivre plusieurs appartenances simultanément, par exemple française, européenne et issue de l’immigration, tout cela en même temps.

En ce sens, l’époque se prête bien à un renouveau occitan.

 La défense de l’occitan est donc une sorte de nationalisme ?

Non, le retour à la situation du début du siècle dernier, quand tout un peuple partageait la même langue et se la transmettait de génération en génération, est impensable. La culture occitane doit maintenant se vivre comme culture minoritaire.

Même si elle est soutenue par des institutions publiques, elle gardera un aspect privé et intime. Ceux qui partageront la culture occitane le feront par une démarche volontaire.

Mais encore faut-il qu’il y ait une politique pour rendre visible la culture occitane et pour remplacer les modes traditionnels de transmission de cette culture.

 

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