10 Propositions pour une autre éducation.

Présentation synthétique des 10 grands points à mettre en oeuvre pour permettre la mise en place d’une éducation en phase avec nos valeurs et nos attentes.

 

1. Mission de l’école et constat.
L’école enseigne à de plus en plus d’élèves, mais l’ascenseur républicain est brisé et les inégalités croissent. On se plaint tous les jours, pas seulement par démagogie, de la non civilisation de la jeunesse. De nombreux acteurs le savent et se battent au jour le jour pour maintenir les institutions. Pour un résultat incertain, car c’est le fonctionnement collectif de l’institution qu’il importe de changer. C’est à tout les éducateurs et aux parents que nous nous adressons pour réaffirmer la mission de l’école et des institutions d’éducation. Nous savons que cela nécessitera des moyens mais plus encore, une volonté collective et une foi en la jeunesse et son éducation.
Avant de développer des propositions, rappelons ces constats dérangeants : à savoir les évaluations diverses qui évaluent l’efficacité du système éducatif. Aux tests de niveaux en CM 2, c’est autour de 10% des élèves dont les acquis sont considérés comme fragiles. L’enquête PISA, comparaison statistique internationale, montre que la fraction des élèves dont le niveau de compétence en français ne permet pas d’apprendre, s’est aggravée entre 2000 et 2006, idem pour les mathématiques.15% des jeunes ont des difficultés ou des difficultés graves en lecture lors de la journée de l’appel pour le Service national,. Enfin, on compte toujours près de 100 000 jeunes sortant du système scolaire sans qualification. Ces constats d’imperfection ne seraient pas si graves si des dispositifs de correction et de remise à niveau existaient au sein de l’école.

2. Petite enfance et maternelle.
La petite enfance et l’école maternelle constituent des temps forts pour l’éducation des enfants et pour la réduction des inégalités : apprentissage du corps, des gestes et des rudiments de l’écrit, sociabilité et sortie de la famille. La prise en charge des enfants avant 3 ans est une activité particulière, non marchandisable ; C’est un travail collectif, service public, associatif et solidaire, où les parents comme les éducateurs ont leur place, avec le soutien des financements publics. Le candidat socialiste avait annoncé le renouveau de ce service public, puis y renonce déjà, faute de moyens. Pour l’école maternelle, il est nécessaire qu’elle sorte du productivisme scolaire et soit consacrée aux apprentissages éducatifs généraux plus qu’à la préparation à l’école primaire.

3. Ecole primaire.
Lors de ce premier échelon de l’école, une différenciation s’opère déjà entre les élèves. On ne peut se borner à remettre en place les RASED malmenés par le gouvernement sortant, il faut les transformer et les développer. On ne doit pas constater et mesurer les insuffisances d’apprentissage, en français ou en calcul, cités plus haut. Il faut se donner les moyens institutionnels de les corriger ; on connaît les méthodes de remédiation, il faut les mettre en
oeuvre. C’est ce que font les pays comme la Finlande.
Sur ce plan, on constate des échecs graves et irrémédiables, en lecture et calcul. Un débat a soulevé la question des méthodes ; nous ne pouvons l’esquiver et continuer à pratiquer « the one best way », il faut laisser l’accès à d’autres méthodes.

4. Collège.
Le collège doit aboutir à un ensemble d’acquis vérifiés, socle ou autre intitulé, concernant les connaissances, les savoir faire culturels (musique, arts plastiques, expression, éducation physique). La finalité de l’école moyenne, primaire et collège, concerne aussi et l’intégration sociale et la civilisation des comportements : trop de faits divers (agressions entre élèves, contre les professeurs) ont montré que ce n’est pas un vain mot.
Préparant les apprentissages ultérieurs, il est déjà le lieu d’une différenciation dans les acquisitions théoriques et les résultats : on ne peut y remédier sans repenser fortement les programmes, multiplier et varier les apprentissages théoriques, culturels ou techniques ; on y parviendra aussi en réduisant le nombre d’enseignants
par classe (bivalence). Ainsi le collège retrouvera sa fonction de socialisation et de formation générale de toute une classe d’âge.

5. Maison de l’aide aux devoirs, de la culture et de la parentalité.
Même si l’institution se préoccupe de l’échec, la réussite scolaire passe toujours par des lieux alternatifs de formation et de culture. Les maisons associatives doivent recevoir des moyens et des personnels compétents qui rejoindront les bénévolats parentaux et enseignants. Ces lieux existent déjà : on travaille pour les jeunes des quartiers, on les aide à entrer dans les filières d’excellence. Ces lieux mixtes seront aussi utiles à la parentalité : trop de mères seules attendent une aide dans l’éducation de leurs adolescents.
Elles constitueront un lieu de travail en prise avec l’actualité et les médias puisque la télévision constitue un outil d’information incontournable. En relation avec l’école, avec les institutions de contrôle, de publication et de diffusion d’outils et de médias.

6. Lycée.
L’accès aux lycées de la majorité d’une classe d’âge est un acquis (80% au bac). Il se paye d’une différenciation entre les filières, d’un échec et d’une relégation des enfants d’origine sociale défavorisée. Le travail d’apprentissage n’est pas un don, il passe par les cours particuliers ou le soutien parental. L’institution scolaire peut et doit transmettre cette méthodologie, cette méta-connaissance par outils pédagogiques (TPE et autres). Les professeurs y apporteront leur concours au cours des heures d’encadrement (un tiers de leur temps de travail).

7. Université.
Il est clair que l’Université est malade de la compétition et du taylorisme (compétition et mesure de la productivité par bibliométrie). Elle doit retrouver son exigence et sa fonction de connaissance et de savoir, sa gratuité et son universalisme. C’est ainsi qu’on palliera la baisse du niveau et à la disparition de son rayonnement.
Il faut agir sur le recrutement et sur le fonctionnement. Un service public intégrant les premières années (Classes préparatoires, IUT, licences) rééquilibrera les dotations d’encadrement et les soutiens pédagogiques. Une sélection s’opérera au niveau Master.
Un financement inconditionnel des étudiants palliera la misère universitaire. Une modification de la loi LRU rééquilibrera les pouvoirs au sein des conseils universitaires.

8. Refonte des métiers de l’école et de l’éducation.
Il faut accorder le fonctionnement réel et la définition des activités professionnelles. L’encadrement et le soutien pédagogique sont au coeur du métier d’enseignant. Le travail collectif doit être reconnu et encouragé. La formation doit être restaurée, elle se situe au début du métier et par échanges de pratiques au cours de la vie professionnelle. L’encadrement et l’inspection ne peuvent demeurer hors de cette redéfinition : les chefs d’établissement ont une tâche d’organisation et de dynamisation des équipes ; les inspecteurs doivent contrôler et animer l’application et la mise en oeuvre des objectifs.
Cette redéfinition complète de la fonction est un défi ; il obligera les enseignants à une révolution professionnelle mais le jeu en vaut la chandelle. Il rendra ce métier son lustre et son attrait (contre la chute des recrutements !).

9. Mode de scolarisation et formation tout au long de la vie.
L’apprentissage ne s’arrête pas sur les bancs de l’école. Il faut pouvoir reprendre des études par la formation professionnelle. Accéder au baccalauréat pour ceux qui le veulent, faire deux ans de formation post bac (formation de technicien supérieur ou de travailleur social) doivent être pris en charge financièrement et pédagogiquement.

10. Administration de l’école.
L’éducation est une des priorités de la nation. C’est un service public mise en oeuvre par des professionnels. Elle repose sur l’engagement, le dévouement et l’activité professionnelle des acteurs. Les textes officiels se borneront à codifier les missions, les programmes et les cadrages horaires (BO). Les Documents officiels (DO) n’auront pas valeur juridique, ce seront des outils, des échanges et des expériences. Ils soutiendront le dynamisme des collectifs et des individus.

Jean Paul Russier – Brigitte Desveaux (membres commission « Education – Formation » d’Europe Ecologie-Les Verts)

 

 

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